ANTICYTHÈRE ET LE MYSTÈRE DE LA
ROUE QUI ACCROCHE
Des Sumériens à Jean
Fasano, les pionniers dans un esprit pratique, ont souvent considéré que pour
parcourir le monde, apprendre et connaître, la roue se doit par sa forme,
d’épouser la courbe du globe qu’elle parcourt.
Face à la roue lisse du
commun, le miracle grec montre ses crocs. Ainsi la mécanique d'Anticythère
dévoilant ses interstices avec malice, se joue de l'angle en équilibre et en
mouvement. Il ne s'agit plus d'être lisse pour rouler le plus loin, mais à cran
pour accrocher la moindre aspérité, pour révéler la complexité du monde, buter
sur ses mystères, érafler les savoirs pour aller au-delà.
La mécanique d'Anticythère se joue des règles pour mieux recycler la roue et par un goût habile de l'artifice devenir artefact.
L'engrenage, à travers les rouages ou au cœur des essieux, accroche, ramasse, gratte ou décape. Il révèle l’organisation de l’univers, les strates de nos histoires, la superposition des couches qui façonne nos vies. C'est une arme pour lutter contre la pétrification des sentiments et la cristallisation des esprits.
Accorder sa liberté à la roue, c'est déconstruire la matrice de ce qui est lisse et qui glisse encore, pour accrocher la matière, lui redonner du sens, violer les contraintes de la proportion et de la rectitude. Telles les multiples évolutions de la roue, rien n'est jamais définitif: roue, rouage, engrenage, pignon, plateau, … le processus de création reste ouvert.
Comme le début s'entrevoit dans la fin, la fin est contenue dans le début. Nous pensons que tout reste à faire, tout reste à inventer…
V.D.M. / BEN-J- / [OP] / ManHu : Avril MMXVI